samedi 29 décembre 2012

SCIENCES ET SOCIÉTÉS

Il y a quelques semaines un tribunal italien reconnaissait que des scientifiques pouvaient être poursuivis parce qu'ils n'avaient pu prédire correctement un tremblement de terre. La chose a de quoi surprendre à priori, mais, à bien y penser, est-ce si surprenant que cela? Comment se surprendre devant la négation par bien des personnes de l'effet de l'activité humaine sur les changements climatiques?

En fait, je crois que l'explication réside en partie dans l'image que l'on veut donner de la science afin de la valoriser au détriment des autres activités humaines. La science semble être la source du développement de l'humanité. En effet, à force de tout vouloir expliquer, calculer, prédire, prévoir, la science se trouve confrontée à elle-même. En fait, notre société semble gouverner par un credo logico-mathématique au sein duquel la logique et le numérique occupent toute la place occultant toute autre manière de voir le monde.

L'humain veut comprendre ce qui l'entoure, l'expliquer. Or, son savoir est limité et ses explications sont souvent des hypothèses plus que des vérités qu'on nous assène pourtant comme telles. En fait, le savoir est neutre, c'est ce l'humain en fait qui importe. Les vrais scientifiques vivent dans le doute et seront toujours hésitants à affirmer que l'information dont ils disposent est complète et définitive. Ils connaissent trop les limites de leur travail pour être aussi affirmatifs. Parce qu'ils doutent, ces personnes ne font pas la première page des médias. Ce sont les autres, ceux qui oublient que leurs travaux ont des limites, qui causent du tort à la science en présentant des vérités qui n'en sont pas.

Pendant une grande partie du dernier siècle, la science a occupé le haut du pavé. Aujourd'hui, la science est questionnée, l'humain doute de la vérité scientifique. L'alliance de la science avec les impératifs économiques du financement de la recherche a créé un mélange explosif qui fait en sorte que l'on se retrouve avec deux discours scientifiques qu'il est bien difficile de distinguer et de critiquer. Les exemples de demies-vérité scientifique sont multiples tout comme les effets négatifs de certaines recherches menées sans réflexion éthique au nom de la science sans aucun souci pour l'utilité ou l'impact des résultats sur les personnes.

La science est nécessaire. La question qui se pose est celle du soutien à la recherche. C'est vrai pour toutes les formes de prospection des différentes dimensions de notre univers physique, social ou biologique. L'inféodation à un soutien financier (quel qu'il soit) crée une dépendance qui oriente consciemment ou inconsciemment le travail. Un chercheur livrera-t-il des résultats qui nuiront à son commanditaire? Poser la question c'est y répondre.

La science doit se redéfinir pour reprendre sa place dans nos sources d'explications. Elle ne peut être la seule et elle doit faire place aux autres disciplines, par exemple les sciences humaines, afin de proposer une perspective plus cohérente de la réalité de notre monde et de notre univers.