J'ai souvent l'impression que
nos dirigeants manipulent l'information et inventent une vérité afin de
justifier leurs positions ou leurs actions. Évidemment, en agissant ainsi, ils
évitent de se trouver en situation dissonante, surtout s'ils prêtent foi à leur
vérité. Ils se servent des médias qui deviennent complices de cette
manipulation. Cette complicité est parfois voulue, car cohérente avec une ligne
éditoriale ou parfois imposée afin de préserver un accès à l'information ou à
des revenus. La vérité est celle énoncée par l'autorité et toute observation
susceptible de détonner a peu de résonnance, car relayée par des moyens
alternatifs ou, au mieux, loin des premières pages.
Prenons pour exemple les
prétextes énoncés afin de justifier une intervention militaire en Irak en 2003.
Aujourd'hui, il est reconnu que les gouvernements ont orchestré une campagne
d'information visant à justifier leurs actions. Aujourd'hui, la Syrie utilise
des armes chimiques (prétexte utilisé afin d'intervenir contre Sadam Hussein)
mais aucune intervention directe n'est à l'ordre du jour. (Je m'étonne et
m'interroge!) L'harmonie des politiques des différents états occidentaux est
fascinante.
Ici au Canada, le gouvernement
central n'hésite à revoir des pans de l'histoire canadienne en les interprétant
afin de valoriser un sentiment d'appartenance unificateur. On pourrait aussi
citer toute la campagne visant à valoriser l'exploitation des sables bitumineux
ou le discours sur le droit de posséder des armes à feu.
Ce qui est dérangeant dans
tout cela, c'est que les demies-vérité ou les vérités inventées sont rarement
contredites ou dénoncées avec la même énergie dépensée à les dispenser. Dès
lors, la nouvelle vérité demeure présente et finit par être crue ou perçue
comme un fait. Ma grand-mère avait l'habitude de dire que si c'était écrit dans
le journal c'est donc vrai. Nous nous comportons comme ma grand-mère et la
situation d'hier est identique à celle d'aujourd'hui. Il suffit de se pencher
sur les deux grands conflits mondiaux du vingtième siècle pour trouver moult
exemples de cela. Ce n'est donc pas nouveau.
Ce qui est dérangeant c'est
que nous sommes conscients de ces situations, mais que nous ne réagissons pas.
Nous savons qu'on nous ment et nous n'y prêtons plus attention (car nous sommes
désabusés) ou pire nous trouvons le discours est rassurant. Nous ne réagissons
pas, car nous avons choisi ces dirigeants librement et que reconnaître la
manipulation aurait pour effet de nous rendre inconfortables. Nous préférons ne
pas y penser, ne pas réagir, être insensibles devant ce qui semble impossible à
changer. Pourtant, ailleurs sur la planète, des peuples se révoltent contre
leurs dictateurs qui mentent sans vergogne. Ici, sous couvert de démocratie, on
réécrit les faits et cela ne semble pas nous déranger.
La vérité existe-t-elle? Qui
la détient? Ces questions sont valides et j'accepte que la vérité soit sujette
à une interprétation qui soit liée à mes valeurs, ma culture, ma formation ou
mes besoins. Mais là où je m'insurge, c'est lorsque l'on manipule les faits
qu'on m'impose une information erronée sous prétexte de la raison d'État.
Vous aurez noté dans ce texte
que j'ai utilisé plusieurs mots qui réfèrent au langage musical. Ils témoignent
de mon inconfort. Cet inconfort est d'ordre émotif et il est lié à
l'interprétation que mon cerveau fait de la parole. Il perçoit l'écart entre ce
qu'il a enregistré et ce qui est énoncé ce qui provoque un besoin un besoin
d'harmonie. Le cerveau fait alors un choix: modifier ce qu'il sait, inscrire
l'information comme possible ou la nier. Les deux premiers choix sont de nature
à apaiser alors que le dernier initie à réagir... d'ou ce blogue.