mercredi 2 janvier 2013

QUAND L'INTELLIGENCE LOGICO-MATHÉMATIQUE DOMINE

Notre société vit sous la domination de l'intelligence logico-mathématique. L'humain occidental standardise, normalise et mesure tout dans une perspective d'uniformisation. Cette numérisation du quotidien donne l'illusion de le comprendre, voire de le maîtriser. Elle génère une déculpabilisation justifiant l'inaction. C'est la conséquence de la "moyenne" ou des regroupements en strates qui finissent toujours par offrir une justification à un comportement. Or ces groupements sont des généralisations statistiques qui n'ont aucune correspondance dans le réel tout en fondant ou en servant à justifier de nombreuses décisions de nos gouvernements.

Notre société est binaire. Ce qui n'est pas blanc est noir, celui qui n'est pas pour est contre, tu es de gauche ou de droite, le centre lui-même se teinte de ces nuances. Notre société vit de ces rapports de force. Les plus nombreux, les plus influents, les plus insistants et surtout ceux qui en ont plus que les autres dominent. L'étude de la répartition de la richesse met en évidence un écart de plus en plus important entre les riches et les autres qui rêvent de la richesse des premiers pour ce qu'elle permet, qui se donnent l'illusion de cette richesse de différentes manières.

Notre société adore les superlatifs. Tout est toujours plus grand, plus gros ou plus important. Les emballages enflent générant du suremballage. On nous propose 30% de plus d'un produit, une réduction de 10% à 50% ou d'obtenir un second produit à l'achat d'un premier. Certaines chaînes de magasins ont fait une spécialité de la mise en marché de produits en grandes quantités ou en formats "familiaux". On achète juste au cas, parce que ce n'est pas cher, du moins en apparence. L'humain se mue en écureuil. Il accumule et finit par oublier et ranger. Le besoin réel lié à la subsistance ou au quotidien n'existe plus. La consommation est valorisée comme mécanisme de compensation à la dureté du travail, à sa pénibleté. On travaille non pas pour se réaliser, pour se sentir utile, mais bien pour avoir les moyens de s'offrir des vacances, une automobile de luxe ou différents autres biens. Tout devient objet de consommation. L'éducation ou la santé n'échappent plus à cela. Les écoles et les hôpitaux font l'objet d'un classement qui repose moins sur la réponse aux besoins que sur une performance normalisée, standardisée ou attendue. Cette logique de mesure se nourrit de plans stratégiques, d'indicateurs de rendement ou de méthodes ou systèmes visant une plus grande productivité, un meilleur rendement. L'ingénierie ou la réingénierie ont la cote.

Notre société, dans sa dérive du quantitatif mesure tout même ce qui ce l'est pas. On évalue la condition physique d'une personne sur la base de standards et non pas de l'adéquation de la personne à son environnement, à son occupation voire à l'aune de sa génétique. On évalue "l'intelligence" ou le "quotient intellectuel" alors qu'on commence seulement à comprendre le fonctionnement de l'intelligence. En fait, l'humain en est arrivé à nier son intuition, ses émotions et ses besoins au profit d'un comportement qui semble découler d'une rationalité ou d'une logique relevant d'un dénominateur commun. Pourtant, la logique d'une personne est rarement identique à celle d'une autre, car, si cela était vrai il n'y aurait qu'une seule et unique réponse à toutes les questions que les humains se posent.

Notre société est intoxiquée par une surdose d'information qui anesthésie le cerveau. D'une part on valorise le moindre effort, mais on dénonce l'épidémie d'obésité. À force de vouloir prévenir la maladie et réduire les coûts de santé, on propose à certaines femmes susceptibles d'être atteintes d'un certain type de cancer d'accepter l'ablation des seins. Celui qui n'est pas vu ou pris est innocent, celui qui n'avoue pas, qui se tait, qui se cache ou qui se conforme est innocent. La morale propre à l'être humain qui devrait être témoin de son essence où est-elle?

Notre société valorise l'hémisphère gauche de notre cerveau qui méthodique et rationnel, logique, analytique ou séquentiel. Autant d'éléments caractérisant l'intelligence logico-mathématique. Le cerveau droit est qualifié de primitif ou d'instinctif parce qu'il traite les émotions et que son mode de fonctionnement est non linéaire et qu'il ne se soucie pas du temps. Ces caractéristiques du cerveau droit sont évidemment antinomiques avec la pensée dominante au sein de notre société. Or, en niant le rôle du cerveau droit, notre société perd de vue que notre cerveau traite l'information en exploitant les deux hémisphères et que l'action humaine repose sur cette spécificité.