lundi 21 mai 2012

UNE MUTATION CULTURELLE

La crise sociale se poursuit et personne ne peut en prédire l'issue. Une loi a été votée afin de tenter de mater la grogne étudiante. L'effet obtenu est évidemment le contraire de celui attendu. La population ne prend pas parti, elle en a juste ras le bol des manifestations incessantes. À travers tout cela, les médias jouent leur rôle de "haut-parleur". Ils amplifient le discours du gouvernement qui ne parle pas du fond de la question, mais de la forme. Ils contribuent au détournement de sens.

Le problème de l'accessibilité est fondamental et culturel. On tend à l'oublier. La société québécoise est fondamentalement égalitaire. Peuple de paysans, d'artisans et d'ouvriers, ce n'est qu'au milieu du XXe siècle que notre société s'est ouverte sur le monde en se donnant des institutions dont le rôle était justement celui de la construction d'une société égalitaire. Les grandes réformes sociales reposent sur cela. Si tous étaient égaux auparavant, tous devaient le demeurer dans l'effort de modernisation de notre société.

L'ouverture sur le monde a permis à une génération de québécois de confronter leurs valeurs à celles des autres. Vers la fin du siècle dernier, la tendance a vouloir remettre en cause le modèle égalitaire a commencé à émerger. Il est aujourd'hui très fort et porté par une élite qui tient à avoir certains privilèges qu'elle a pu observer ailleurs.

D'une société de l'interpersonnel et de l'intrapersonnel, nous mutons vers un modèle logico-mathématique et visuospatial. Le pouvoir de l'argent et les apparences prennent la place. La crise actuelle est en fait un élément dans cette tendance, un choc entre deux visions du monde. D'un coté les "élites" qui prônent la "méritocratie" et de l'autre les jeunes qui valorisent "l'égalité". Choc des générations, fracture sociale, crise des valeurs, les mots pour désigner la chose ne manquent pas. Tant que nous ne prendrons pas conscience de cela, il est probable que la chose ne se règlera pas. Il y aura peut-être une accalmie, mais la crise reprendra.

Ici ce sont nos étudiants, ailleurs ce sont des jeunes "indignés". Le problème est le même, ce qui a déclenché la crise est différent, là-bas le chômage ici une remise en question d'un acquis. La solution ne sera pas simple à trouver et ce n'est pas une loi, dans des discours portant sur la démocratie, la justice et le droit qu'on trouvera la réponse. Le mal est profond, très profond et les excès des uns créent un profond malaise.

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