mercredi 4 avril 2012

RECEVOIR LE PRIX GÉRALD SIGOUIN

Il y a quelques semaines j'ai appris que je recevrais un prix que je considère comme très prestigieux. J'avoue avoir été choqué par l'annonce. On peut rêver d'une reconnaissance, sans vraiment croire qu'elle vous sera attribuée. Lorsque la chose arrive, c'est un test de réalité. Les questions fusent: pourquoi moi? n'y a-t-il pas de plus méritants? qu'ai-je fait de si important, de si grand? je suis loin d'avoir la stature de telle ou de telle personne qui ont déjà reçu le prix... etc.

Je suis passé donc par une phase difficile, une sorte de refus d'accepter. Je me suis considéré un peu comme un imposteur. J'ai mangé mes émotions. J'étais habité par l'ambiguïté. Je passais d'une sorte de béatitude à une phase de déni. Je crois que je craignais le jugement des autres, plus que le mien. C'est maintenant derrière moi.

Ce qui m'a réconcilié c'est que ce prix il m'a été attribué par des pairs, non pas des collègues, mais des personnes qui n'ont pas nécessairement travaillé avec moi, mais qui ont pu observer mon travail et, sans doute, l'apprécier. Ce qui m'a réconcilié c'est que ma candidature a été soumise par des collègues immédiats et qu'elle a été appuyée par plusieurs personnes qui ont, semble-t-il, produits des lettres d'appui très significatives. Qui plus est, je sais que les personnes qui ont déposé ma candidature ont mis beaucoup d'énergie et qu'elles sont heureuses du résultat. Ce qui m'a réconcilié, c'est de recevoir des gens qui m'entourent au Collège des témoignages qui, en quelque sorte, confirment la valeur de ma contribution.

Si je ramène tout cela dans le contexte des intelligences multiples, il est certain que nous nous retrouvons dans une interface des intelligences personnelles. C'est une belle démonstration du lien qui unit ces deux dimensions d'une personne.

Nous sommes souvent de mauvais juges de nos actions et cela s'explique simplement. En effet, nous posons des gestes qui sont cohérents et conséquents avec nos capacités. Il n'y a rien d'extraordinaire en cela. Être soi-même est-il méritoire? Faire ce que l'on croit devoir être fait est-il exemplaire? Respecter ses valeurs doit-il être reconnu? N'est-ce pas le lot de chacun? Ces questions sont celles de l'intelligence intrapersonnelle.

C'est le regard des autres qui fait en sorte d'apporter des réponses. Il nous parle de l'effet ou de l'apport que nous avons, du rôle que nous jouons. Le reflet de ce que nous sommes vient des autres. Il y a d'abord celui de ceux qui nous aiment. Ils sont inconditionnels et ce miroir est utile au quotidien comme point d'appui affectif. Il y a ensuite celui des collègues, des partenaires, des relations, voire des étrangers. Ils proposent un reflet sans fard, direct. Parfois dérangeant, parfois blessant, ce regard facilite l'auto-évaluation. Ces gestes sont ceux de l'intelligence interpersonnelle.

Je suis donc passé par ces étapes, ces débats, ces regards. Je vais devoir vivre avec ce prix qui témoigne d'un ensemble de réalisations qui ont de la valeur aux yeux des autres et, bien entendu, aux miens. La valeur que je puis leur accorder est sans doute différente de celle que d'autres leur attribuent, mais cela n'est pas important, car je sais qu'il est difficile de mesurer l'apport que nous pouvons avoir.

Pour conclure, j'avoue donc m'être réconcilié avec l'idée du prix. J'ai de la reconnaissance pour les personnes qui ont permis que cela m'arrive et je remercie les collègues qui m'ont jugé digne de l'honneur.

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