samedi 29 novembre 2014

INVENTER UNE VÉRITÉ

J'ai souvent l'impression que nos dirigeants manipulent l'information et inventent une vérité afin de justifier leurs positions ou leurs actions. Évidemment, en agissant ainsi, ils évitent de se trouver en situation dissonante, surtout s'ils prêtent foi à leur vérité. Ils se servent des médias qui deviennent complices de cette manipulation. Cette complicité est parfois voulue, car cohérente avec une ligne éditoriale ou parfois imposée afin de préserver un accès à l'information ou à des revenus. La vérité est celle énoncée par l'autorité et toute observation susceptible de détonner a peu de résonnance, car relayée par des moyens alternatifs ou, au mieux, loin des premières pages.

Prenons pour exemple les prétextes énoncés afin de justifier une intervention militaire en Irak en 2003. Aujourd'hui, il est reconnu que les gouvernements ont orchestré une campagne d'information visant à justifier leurs actions. Aujourd'hui, la Syrie utilise des armes chimiques (prétexte utilisé afin d'intervenir contre Sadam Hussein) mais aucune intervention directe n'est à l'ordre du jour. (Je m'étonne et m'interroge!) L'harmonie des politiques des différents états occidentaux est fascinante.

Ici au Canada, le gouvernement central n'hésite à revoir des pans de l'histoire canadienne en les interprétant afin de valoriser un sentiment d'appartenance unificateur. On pourrait aussi citer toute la campagne visant à valoriser l'exploitation des sables bitumineux ou le discours sur le droit de posséder des armes à feu.

Ce qui est dérangeant dans tout cela, c'est que les demies-vérité ou les vérités inventées sont rarement contredites ou dénoncées avec la même énergie dépensée à les dispenser. Dès lors, la nouvelle vérité demeure présente et finit par être crue ou perçue comme un fait. Ma grand-mère avait l'habitude de dire que si c'était écrit dans le journal c'est donc vrai. Nous nous comportons comme ma grand-mère et la situation d'hier est identique à celle d'aujourd'hui. Il suffit de se pencher sur les deux grands conflits mondiaux du vingtième siècle pour trouver moult exemples de cela. Ce n'est donc pas nouveau.

Ce qui est dérangeant c'est que nous sommes conscients de ces situations, mais que nous ne réagissons pas. Nous savons qu'on nous ment et nous n'y prêtons plus attention (car nous sommes désabusés) ou pire nous trouvons le discours est rassurant. Nous ne réagissons pas, car nous avons choisi ces dirigeants librement et que reconnaître la manipulation aurait pour effet de nous rendre inconfortables. Nous préférons ne pas y penser, ne pas réagir, être insensibles devant ce qui semble impossible à changer. Pourtant, ailleurs sur la planète, des peuples se révoltent contre leurs dictateurs qui mentent sans vergogne. Ici, sous couvert de démocratie, on réécrit les faits et cela ne semble pas nous déranger.

La vérité existe-t-elle? Qui la détient? Ces questions sont valides et j'accepte que la vérité soit sujette à une interprétation qui soit liée à mes valeurs, ma culture, ma formation ou mes besoins. Mais là où je m'insurge, c'est lorsque l'on manipule les faits qu'on m'impose une information erronée sous prétexte de la raison d'État. 


Vous aurez noté dans ce texte que j'ai utilisé plusieurs mots qui réfèrent au langage musical. Ils témoignent de mon inconfort. Cet inconfort est d'ordre émotif et il est lié à l'interprétation que mon cerveau fait de la parole. Il perçoit l'écart entre ce qu'il a enregistré et ce qui est énoncé ce qui provoque un besoin un besoin d'harmonie. Le cerveau fait alors un choix: modifier ce qu'il sait, inscrire l'information comme possible ou la nier. Les deux premiers choix sont de nature à apaiser alors que le dernier initie à réagir... d'ou ce blogue.

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