dimanche 20 novembre 2011

ET SI L'ÉCOLE SE TROMPAIT

L'école dont il sera question ici n'est pas l'établissement, le lieu de formation, mais l'institution, l'organisation sociale mise en place afin de former les personnes, de les éduquer.

Depuis quelques années, l'équipe de multintelligents.info s'intéresse à l'intelligence à partir du cadre des intelligences multiples développé par Howard Gardner au milieu des années '80. La transposition de ce modèle au monde de l'éducation a permis de constater que le système scolaire privilégiait certaines intelligences (linguistique et logico-mathémathématique), en effleurait quelques autres (kinesthésique, musicale et visuo-spatiale) et en ignorait plusieurs autres (intrapersonnel, interpersonnel, naturaliste). Ces choix témoignent d'une vision dépassée de l'intelligence humaine et correspond à une conception utilitaire de l'école. Cette dernière est là pour former non pas des citoyens (si c'était le cas toutes les dimensions seraient couvertes) mais des travailleurs ce qui explique les choix qui sont faits avec les conséquences que cela peut entraîner.

Le fait de négliger certaines intelligences génère de l'inadaptation scolaire parmi les jeunes dont la structure du cerveau ne correspond pas au modèle requis. Convenons que l'école est tournée vers la rationalité, ce qui n'est pas un mauvais choix, mais qu'elle ignore tout le volet émotif de l'être humain. Nous devons travailler en équipe, mais on ne nous l'enseigne pas, nous vivons en société sans avoir appris à décoder nos émotions, celles des autres et surtout avoir appris à cohabiter dans un univers d'émotions et de perceptions. Commet s'étonner de voir la fracture sociale entre les riches et les pauvres quant la norme de jugement est purement quantitative, celle des avoirs matériels.

Lorsqu'on s'attarde à la réussite scolaire, on constate que le facteur premier de réussite n'est pas lié à une capacité exacerbée (ex. la "bosse" des mathématiques), mais bel et bien dans une dimension personnelle (la motivation, l'engagement personnel), interpersonnelle (capacité à décoder les autres et à interagir) et naturaliste (la méthode, l'organisation). Or, ce sont là les intelligences que l'école oublie. Faut-il se surprendre? Ces intelligences n'ont pas de valeur économique et l'ignorance en ces domaines sert bien les nantis.

Le programme scolaire est le témoin d'une conception erronée, voire passéiste, de l'intelligence humaine. L'évolution de notre connaissance du cerveau et de son fonctionnement nous ouvre un horizon de travail que l'école aurait intérêt à explorer afin d'être au service de la formation de la personne. L'intelligence humaine est une capacité multiple et s'il est difficile d'imaginer que l'ensemble des aspects multiples de cette capacité puissent être développé, il est tout de même nécessaire d'alphabétiser les jeunes dans chacune des dimensions.

Changer l'école, demeure un défi, voire une utopie. L'école est fondamentalement un lieu de création et, paradoxalement, un rempart du conservatisme de notre société, ce qui la fragilise. L'école d'aujourd'hui est tellement mal définie qu'elle est devenue pour les jeunes un lieu de passage obligée au lieu d'être désirée pour ce qu'elle apporte. Un passage obligé afin d'obtenir une reconnaissance témoignant d'une certaine capacité d'adaptation à un modèle. L'école est devenue un déversoir de l'incapacité des parents à éduquer leurs enfants.

Il faut cependant convenir qu'à défaut de mieux, malgré l'institution, il n'en demeure pas moins que des jeunes réussissent à acquérir une formation équilibrée grâce à des éducateurs qui sont de véritables guides.

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