samedi 19 novembre 2011

A FORCE DE LE RÉPÉTER

Notre société hyper médiatisée tend a créer des vérités avec des faussetés. Cela est assez fascinant. En effet, une fausseté qui est reprise et qui se répand dans les médias traditionnels ou électroniques tend, avec le temps, à devenir une vérité. L’exemple de la fin du monde annoncée pour décembre 2012 ou la question de l’impact de la pollution sur les changements climatiques témoignent de cette réalité. 

Sur le plan de l’intelligence, on peut s’étonner de voir que de tels messages prennent racine et se répandent. Pourtant, ce n’est pas aussi surprenant qu’il y paraît. En effet, nous nous retrouvons devant une situation qui fait appel aux intelligences interpersonnelle, linguistique et intrapersonnel.

L’intelligence interpersonnelle intervient ici dans le jugement, sur la crédibilité à accorder au porteur du message. Il n’est pas question ici du fond du message, mais de la forme. L’être humain juge une autre personne en une fraction de seconde. Le porteur du message importe donc. L’aspect interpersonnel s’exprime aussi dans l’interprétation du message symbolique exprimée. Nous savons que l’effet des neurones miroirs conditionne notre réponse au message de l’autre et que certaines expressions faciales ont une portée universelle. Ainsi, la peur exprimée risque d’être partagée. Enfin, le fait de voir l’information reprise par des médias auréolés d’une certaine neutralité donne de la crédibilité à l’information au plan social.

L’intelligence linguistique est celle du tribun. Il fera un discours qui saura rejoindre l’auditoire par les mots, les exemples, les intonations. Nous sommes toujours dans la forme. La prosodie, la rythmique propre à l’expression orale aura un effet majeur. En effet, en jouant convenablement sur les rythmes et les tons, le communicateur rejoint la personne dans ses émotions. Par exemple, si au lieu d’utiliser l’expression « génétiquement modifié », il a recours à l’expression « aliment Frankenstein » tout en usant d’un ton approprié, il s’assure d’un effet certain et plus fort.

En ce qui a trait à l’intelligence intrapersonnelle son action est celle de l’intégration du discours dans l’ensemble des valeurs, attitudes, attentes ou besoins de la personne. Ici encore, c’est un aspect émotif qui joue. L’un des éléments est celui de la réconciliation de son point de vue personnel sur la question avec celui exprimé. Le fait de voir l’information reprise et reprise, notamment par des médias ou des porteurs de messages crédibles, génère une forme de dissonance émotive ou cognitive chez la personne qui cherche alors à rétablir l’équilibre.

Globalement, c’est la forme qui importe ici. Dans une société comme la nôtre qui valorise le paraître au lieu de l’être faut-il s’en étonner?

Le fond importe peu. Il pourrait y avoir réfutation, mais la chose pourrait passer inaperçue, car peu intéressante au plan médiatique eu égard au porteur du message. Gageons que si le porteur du message contradictoire était aussi « charismatique » que son collègue, nous obtiendrions un beau débat médiatique... toujours sur la forme. Tout ceci pour dire de McLuhan avait raison de dire que le médium c’est le message.

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